ENTREMONT: Une ambulance pour le district

Le service ambulancier créé l'hiver dernier à Verbier a été rapatrié au Châble pour desservir tout l'Entremont. Les communes participent au financement. Un cas unique en Valais, puisque normalement, c'est au canton d'assurer cette charge.

Olivier HUGON
"Le plus important, c’est de dire qu’il y a un service d’ambulance efficace à Verbier cet hiver."
Pour Jean-Pierre Deslarzes, médecin responsable à l’Organisation cantonale valaisanne des secours, l’essentiel dans ce dossier est sauf. A Verbier, on semble satisfait de la prestation. Le départ d’un des trois médecins de la station a pu être compensé et une garde médicale est assurée jour et nuit.
Le service d’ambulance est d’ordinaire financé par le canton. Jusqu’à l’hiver dernier, Verbier et tout l’Entremont étaient desservis par l’entreprise Alpha Rhône basée à Martigny. A fin 2008, Verbier a pu obtenir une ambulance pour la saison hivernale 2008/2009. Un service qui a été prolongé, à l’initiative de la commune, jusqu’à la fin de la saison d’hiver 2010.
Des solutions transitoires, financées par la commune et par un hôtelier de la station (encadré). "Il s’agit d’une situation particulière", rappelle Jean-Pierre Deslarzes, "ce service n’est toujours pas inscrit dans la planification des urgences cantonales. La demande a été faite auprès du Service de la santé, mais pour l’heure, l’Etat n’a toujours pas avalisé le principe de financement."
Les autorités locales ont pris les choses en main. Le service ambulancier est désormais basé au Châble et dessert tout l’Entremont. Les communes financent l’opération, un cas unique en Valais. "C’est le conseil communal qui a pris cette décision", précise Christophe Dumoulin, le président de Bagnes, "on ne peut pas saisonnaliser ce genre de service qui nécessite du personnel très bien formé ! Pour 2009, nous n’avons pas trouvé de terrain d’entente avec le Conseil Général en ce qui concerne le crédit complémentaire de 266000 francs pour les mois suivant la saison d’été." Ce même législatif devra se prononcer lundi prochain sur un autre crédit de 500000 francs, qui permettra de financer l’ambulance pour 2010. En cas de refus, on reviendrait à la situation antérieure, avec les ambulances basées à Martigny...
Les autres communes d’Entremont devraient contribuer à hauteur de 120000 francs. Le service ambulancier coûte environ 80000 francs par mois. Les communes prennent en charge le déficit. "C’est une solution temporaire, de qualité, qui correspond à tous les critères de l’OCVS", insiste Christophe Dumoulin, "nous allons transmettre au canton un dossier porté par tout le district." Pour lui, c’est aussi un outil de promotion économique et un service à l’ensemble de la région de Martigny-St-Maurice-Entremont, désormais desservie par une ambulance supplémentaire.
Cette situation particulière s’explique par le fait que la population de Verbier explose littéralement en hiver, passant de 3000 à 35000 habitants durant la haute saison. Ce qui est le cas d’autres stations. "Mais Verbier était surtout à 35 minutes de route de l’ambulance la plus proche", précise le docteur Deslarzes. Par ailleurs, la masse critique d’interventions, sur l’ensemble de l’année, est insuffisante pour assurer une rentabilité. La crainte de créer un précédent est réelle. Loèche, Crans-Montana ou Anniviers pourraient s’engouffrer dans la brèche... Ce qui pourrait expliquer les hésitations des services de Maurice Tornay. Mais le canton est aussi obligé d’assurer un temps de transport inférieur à 20 minutes pour les urgences médicales.