L'ambulance joue les "taxis"
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L'ambulance joue les "taxis"
Des transports sanitaires prescrits à des bien portants, des compagnies qui trichent... Il y a de l'abus !
C'était une affaire qui tournait bien. Trop bien. Cette compagnie de taxis toulousaine affichait l'un des plus gros chiffres d'affaires de la région. Son secret ? Le transport de malades revu et corrigé par la patronne. Employés non déclarés, fausses factures, kilomètres fictifs rajoutés, paiement de quatre transports alors qu'un seul véhicule a été utilisé pour un trajet collectif...
« Un véritable système de fraudes généralisé, dont le préjudice pour la Sécurité sociale est évalué à plus de 700 000 euros », s'exclame la responsable de la gestion des risques de la caisse primaire d'assurance-maladie (CPAM) de Haute-Garonne, Dominique Chanet, surprise par l'étendue de l'escroquerie.
Entre 1997 et 2006, les remboursements affectés aux transports sanitaires - ambulances, véhicules sanitaires légers (VSL) et taxis - ont augmenté chaque année de 8 à 10 %, pour atteindre un budget de 2,2 milliards d'euros. Si la fraude organisée reste marginale, le détournement du système n'est pas rare.
« Nous pouvons être amenés à signer des bons de transport non pour des raisons médicales, mais pour des motifs économiques : le patient n'a pas de voiture ou pas les moyens de se payer un plein d'essence, par exemple », explique ainsi un généraliste du Nord-Pas-de-Calais. Un autre, qui exerce en ville, reconnaît prescrire parfois une ambulance plutôt qu'un VSL pour des patients qui peuvent voyager « assis », mais qui ont besoin d'être aidés par deux ambulanciers (il n'y en a qu'un dans un VSL). Et de citer l'exemple d'une personne âgée à mobilité réduite, qui habite un troisième étage sans ascenseur.
Le Dr Marcel Garrigou Grandchamps, responsable de la cellule juridique du syndicat Espace généraliste, va plus loin : « Souvent, les médecins sont mis devant le fait accompli et signent le bon qui donne droit au remboursement a posteriori, sans avoir eu le choix du mode de transport, explique-t-il. Or il existe une forme de pression des transporteurs sanitaires, qui poussent à l'utilisation des ambulances plutôt que des VSL. » Un transport couché coûte trois à quatre fois plus cher qu'un transport assis. L'addition grimpe d'autant plus vite.
Le laxisme se rencontre aussi à l'hôpital. « Certains malades en sortent sur les deux pieds et s'engouffrent dans une ambulance, les valises posées sur la civière, parce qu'il n'y a ni taxi ni VSL à disposition », raconte un ancien interne des hôpitaux de Paris. Pour l'un de ses confrères, le problème tient aussi à la pression des patients eux-mêmes : « La plupart des malades considèrent l'ambulance comme un dû, raconte-t-il. Même valides, ils ne s'imaginent pas sortir de l'hôpital autrement. Comme nous avons souvent mieux à faire que de nous battre avec eux, nous signons. »
Parfois, l'abus de complaisance devient un abus tout court. En janvier 2008, une polémique a éclaté dans le Gard : la soeur d'un cadre du CHU de Nîmes avait été transportée en hélicoptère du Samu sans réelle motivation médicale. Coût estimé de la balade : 10 000 euros !
Depuis un an, la Cnam a donc décidé de serrer la vis en multipliant les contrôles et les nouvelles réglementations. Résultat : 400 transporteurs - 200 sanitaires, 200 taxis - ont été contrôlés pour suspicion de fraude et 150 médecins ont été « mis sous accord préalable », autrement dit sous surveillance. En 2007, le montant remboursé par l'assurance-maladie n'a progressé que de 5,7 %, contre 9 % l'année précédente. Une économie de 24 millions d'euros, mais il reste encore de la marge.
C'était une affaire qui tournait bien. Trop bien. Cette compagnie de taxis toulousaine affichait l'un des plus gros chiffres d'affaires de la région. Son secret ? Le transport de malades revu et corrigé par la patronne. Employés non déclarés, fausses factures, kilomètres fictifs rajoutés, paiement de quatre transports alors qu'un seul véhicule a été utilisé pour un trajet collectif...
« Un véritable système de fraudes généralisé, dont le préjudice pour la Sécurité sociale est évalué à plus de 700 000 euros », s'exclame la responsable de la gestion des risques de la caisse primaire d'assurance-maladie (CPAM) de Haute-Garonne, Dominique Chanet, surprise par l'étendue de l'escroquerie.
Entre 1997 et 2006, les remboursements affectés aux transports sanitaires - ambulances, véhicules sanitaires légers (VSL) et taxis - ont augmenté chaque année de 8 à 10 %, pour atteindre un budget de 2,2 milliards d'euros. Si la fraude organisée reste marginale, le détournement du système n'est pas rare.
« Nous pouvons être amenés à signer des bons de transport non pour des raisons médicales, mais pour des motifs économiques : le patient n'a pas de voiture ou pas les moyens de se payer un plein d'essence, par exemple », explique ainsi un généraliste du Nord-Pas-de-Calais. Un autre, qui exerce en ville, reconnaît prescrire parfois une ambulance plutôt qu'un VSL pour des patients qui peuvent voyager « assis », mais qui ont besoin d'être aidés par deux ambulanciers (il n'y en a qu'un dans un VSL). Et de citer l'exemple d'une personne âgée à mobilité réduite, qui habite un troisième étage sans ascenseur.
Le Dr Marcel Garrigou Grandchamps, responsable de la cellule juridique du syndicat Espace généraliste, va plus loin : « Souvent, les médecins sont mis devant le fait accompli et signent le bon qui donne droit au remboursement a posteriori, sans avoir eu le choix du mode de transport, explique-t-il. Or il existe une forme de pression des transporteurs sanitaires, qui poussent à l'utilisation des ambulances plutôt que des VSL. » Un transport couché coûte trois à quatre fois plus cher qu'un transport assis. L'addition grimpe d'autant plus vite.
Le laxisme se rencontre aussi à l'hôpital. « Certains malades en sortent sur les deux pieds et s'engouffrent dans une ambulance, les valises posées sur la civière, parce qu'il n'y a ni taxi ni VSL à disposition », raconte un ancien interne des hôpitaux de Paris. Pour l'un de ses confrères, le problème tient aussi à la pression des patients eux-mêmes : « La plupart des malades considèrent l'ambulance comme un dû, raconte-t-il. Même valides, ils ne s'imaginent pas sortir de l'hôpital autrement. Comme nous avons souvent mieux à faire que de nous battre avec eux, nous signons. »
Parfois, l'abus de complaisance devient un abus tout court. En janvier 2008, une polémique a éclaté dans le Gard : la soeur d'un cadre du CHU de Nîmes avait été transportée en hélicoptère du Samu sans réelle motivation médicale. Coût estimé de la balade : 10 000 euros !
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